VITTEL (Vosges)

VITTEL

En 1944, la station thermale de Vittel, déclarée «ville sanitaire et internationale», abrite plus de 3000 détenus et blessés au «Frontstalag 914», le camp des internés Anglo-Américains au sein de l’établissement thermal.

La «fausse libération» du 3 septembre et des jours suivants est l’occasion d’actes de courage de la résistance, qui oblige quelques 200 Allemands à une retraite vers Contrexéville. La résistance s’organise alors autour des maquis de Remoncourt — Suriauville — Chèvre-Roche.
Le 5 septembre, Vittel est réoccupée en force.

Dans la nuit des 11 et 12 septembre, une colonne allemande arrive et s’installe sur les buttes environnantes. Des chars sont mis en batterie dans les quartiers élevés de la Ville, tout particulièrement à l’Est (au cimetière, sur la route de Nancy, à la Renaissance). 600 Allemands appuyés par des chars tiennent Vittel.

Le 12 au matin, le Commandant MASSU parti du Tchad avec le Général LECLERC, lance une patrouille en direction de Vittel, commandée par le Lieutenant GAUFFRE à bord de Tanks Destroyers (T.D.). Ces engins sont les seuls capables d’attaquer les Panthers. Grièvement blessé à la sortie de Vittel, le Lieutenant GAUFFRE décède vers 15 heures. Le Tank Destroyer «Cyclone» est percé de toutes parts et brûle.

Le 12 septembre 1944, Vittel est libérée par le division Leclerc entre 14 et 15 heures.

À 14h55, Vittel est en liesse en voyant les chars descendre l’avenue Bouloumié. Les maquis font alors une entrée triomphale. 3000 internés, à large majorité féminine du camp de la station thermale et une soixantaine de sénégalais s’agglutinent derrière les barbelés ou hurlent de joie depuis les fenêtres des hôtels-prisons.

Le Général LECLERC fait ouvrir les grilles et déclare: «Je vous dois bien une visite. L’Angleterre nous a offert l’hospitalité en 40 et nous a généreusement soutenus. L’Amérique nous a donné des armes et combat sur notre sol. Je suis heureux qu’il soit donné à un général français de vous rendre votre liberté.»

Le bilan de la bataille fait état de 2 victimes civiles, 5 morts côté français, 64 Allemands, 200 sont fait prisonniers et enfermés au marché-couvert sous la garde des FFI. Une bonne centaine d’immeubles a été touchée par plus d’un millier d’obus (l’église St Privat avait perdu tous ses vitraux).

En fuyant Vittel, les Allemands laissent un brasier de leurs documents à l’Hôtel de Paris. Seul le journal des liaisons téléphoniques entre la 112ème Panzer Brigade et son PC est récupéré. Ce document donne la position de 97 chars et de Panzer Grenadiers qui se dirigent vers Dompaire. La plus grande bataille de chars de la Libération, entre deux grandes formations blindées, est annoncée.

 

COMBATS

 

Le colonel de Langlade demande au commandant Massu d’envoyer une patrouille blindée vers Vittel, avec mission de traverser la ville sans s’y faire accrocher et de se porter à l’est sur Blainville-aux-Saules, afin d’éclairer le reste du groupement et lui permettre d’arriver sur la Moselle.

Massu charge le lieutenant Gaufre d’assurer cette mission. Il aime bien son lieutenant qu’il a pu longuement apprécier durant l’épopée du Tchad, il lui précise : Rendez-moi compte en permanence et faites gaffe..

Le ronflement des moteurs des half-tracks et des automitrailleuses se répercute le long des façades de la ville et croît en avançant vers le nord.
Massu se rend aux lisières de Contrexéville. La radio annonce les ordres que passe Gaufre. Des détonations prennent une étrange résonnance…
Deux automitrailleuses sont touchées par des Panzer. L’accrochage que craignait Massu se produit. Il laftce immédiatement son sous-groupement et arrive au contact. Ses canons appuient la manœuvre de décrochage de la patrouille, mais ses chars se heurtent à ceux de l’ennemi parfaitement camouflés.
Il reforme alors sa colonne, les marsouins grimpés sur les Sherman, le gros des moyens immédiatement derrière. Lorsqu’une voix lui dit : Où en êtes-vous, Massu?… Le commandant se retourne, Leclerc est là, son visage barré d’impatience : Je me prépare à attaquer Vittel mon Général.
En hurlant, les premiers éléments se ruent à l’attaque. Les Sherman, toutes armes déchaînées, s’engagent à leur suite, s’engouffrent dans la rue principale sous les yeux des Allemands décontenancés.

Ivanoff déboule par la voie ferrée. Vittel est traversée en trombe, trop ahuri ou assommé par les tirs puis les assauts, l’ennemi est sans réaction. Les Panther fuient, au loin, vers l’est.
Au loin encore, l’ennemi se dresse une dernière fois, comme par défi, il tire une longue rafale en direction de ces Français qui ne lui ont laissé aucun répit.
Le lieutenant Gaufre est mortellement touché par une balle en plein cœur… son regard se porte au loin vers l’infini… Ancien des Groupes nomades de l’Ennedi et du Borkou. combattant de Koufra, du Fezzan, de la Tripolitaine, du Sud-Tunisien, puis des opérations de Normandie, de Paris et enfin des Vosges, Paul Gaufre venait d’offrir sa vie à son pays.

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VITTEL – Le Parc aux Enfants – 1939