VIEUX-PONT (Orne)


VIEUX-PONT
Km= 350

 

Mardi 15 août 1944

 

 

Panzer IV

 

 

Face à 3 Panzer Division :

– La 9éme, occupant la forêt d’Ecouves,

– la 116ème, dans le secteur Ecouché, Argnetan, Sées,

– la 2ème, à l’ouest dans le secteur Carrouges, Ciral

 

Extrait du J.M.O 12e CUIRS

 

15 Août 1944.

Le G.T.D. doit se porter à Boucé pour y constituer un point d’appui et tenir principalement les routes du N. et de l’O.
Les mouvements s’effectuent sous la protection d’une avant-garde commandée par le Colonel NOIRET.
Le Gros est aux ordres du Chef d’Escadrons ROUVILLOIS.
Dès l’arrivée à Boucé, vers 11H00, le Colonel entreprend : avec le Capitaine DA, le 1er Escadron et l’Escadron TROQUEREAU du 1er R.M.S.M., une reconnaissance sur Chantelou, au S. de Joué-du-Plain, où sont signalés des ennemis.
Un char du 1er Escadron est détruit à l’ O. de Joué-du-Plain. Des prisonniers sont faits.
Le Chef d’Escadrons ROUVILLOIS, qui stationne avec les 2ème et 3ème Escadrons sur la route Vieux-Pont, monte un coup de main sur Vieux-Pont brillamment conduit par le Lieutenant BRIOT.

– 1 char Pz IV est détruit,
– 8 canons antichars détruits,
– plusieurs véhicules divers détruits,
– de nombreux prisonniers sont faits.

Au 1er Escadron, le peloton BECKER effectue une patrouille sur Chantelou, au cours de laquelle un char léger est détruit.
L’après-midi, une patrouille envoyée en Half-Track, pour essayer de rechercher l’équipage du char perdu devant Chantelou, et qui n’a pas rejoint, parvient, sous le feu de nombreuses armes automatiques et d’une arme lourde, au char qui brûle. Elle ne retrouve pas l’ équipage ; celui-ci rejoindra le lendemain.
Le 1er Escadron est regroupé au carrefour de La Forge qu’il garde le 15 et la nuit du 15 au 16 Août.

BILAN DE LA JOURNÉE DU 15

1er Escadron :
Pertes :   Disparu : 1 équipage de char
Matériel : 1 char léger détruit   PAU
Gains :         Prisonniers : 13 hommes

2ème Escadron :
Pertes :         Blessés : quelques blessés légers par mines
Gains :         Prisonniers : 2 Capitaines, 2 Lieutenants, 12 hommes
Matériel détruit : 1 Pz IV, 8 auto-canons, 40 véhicules divers

3ème et 4ème Escadrons, P.C. avant et principal : Rien à signaler

 

 

 

René BALEYTE

 

Au Maroc, le 16 juillet 43, René BALEYTE vient d’avoir 16 ans ; il tente sa chance et va frapper directement à la porte de la Caravane du Générai LECLERC. Est-ce sa ténacité ou ses 1,96 m qui le conduiront directement devant le Général ? Il sera dirigé vers un responsable du 12eme Cuirs où il sera affecté comme tireur sous tourelle au 1er peloton du 2e Escadron sur le char “ÉVREUX”.

Le 11 Août 44, le Deuxième Escadron du 12e Cuir, sur l’axe principal, sur la N 138 essuie déjà ses premières pertes avec un char touché et un détruit le « DIJON » au carrefour de la Hutte.
Puis, c’est l’embuscade contre les 2eme et 3e pelotons de son Escadron (5 chars détruits, un 6ème très endommagé).

À gauche de ce même axe, en flanc-garde, son peloton ayant pour mission de libérer le village de Fresnay-sur-Sarthe puis de monter plein nord tombera dans un bourbier bien préparé par l’ennemi.

Seul le char ÉVREUX en sortira indemne et arrivera aux abords de Fyé avec son half-track d’accompagnement.
En quelques minutes, le tireur sous tourelle, René BALEYTE tirera plusieurs coups faisant fuir l’ennemi.
Ce jour-là, il perdra la moitié de ses camarades du 2ème Escadron : 8 chars sur 17 seront hors d’usage, détruits ou brûlés.
Terrible, pour un jeune homme de 17 ans de faire face à la dure réalité de ta guerre.


Le 15 Août, l’objectif majeur du Général LECLERC reste la libération de Paris, mais ta Normandie n’est pas encore totalement libérée.

L’objectif immédiat est de fermer la POCHE DE FALAISE.

La 2e DB est en avance sur la ligne de front. Des patrouilles de reconnaissances des Spahis ont pu observer des mouvements ennemis sur le secteur de Vieux-Pont. Hors de son secteur d’attribution, le Cdt Rouvillois décide de monter un coup de main sur Vieux-Pont où le dispositif de l’embuscade des Allemands semble identique au coup d’arrêt de Fyé du 11 août.

À 16H00 le deuxième et le troisième escadron du 12e Cuir ainsi que le 1er bataillon du RMT et le 4eme escadron des Spahis participeront à cette opération.
Le tireur sous tourelle, René Baleyte du char ‘EVREUX’ recevra l’ordre de neutraliser le char ennemi faisant le guet. Cela sera le signal pour lancer l’attaque.

Le Colonel Baleyte raconte :
“Nous nous mettons en position de départ. Mon Chef de char me guide pour me mettre en défilement d’observation. Je cherche ma cible. Ou est-il? Dans ma lunette, pas de char en vue. Ce bosquet en limite de crête ? Ce ne peut être que cela. Je n’ai pas le choix, c’est lui ou moi. Si je réussis, cela sera mon premier char. J’ajuste et tire ! Coups au but, le char ennemi est détruit”.

Résultats : Avec cet effet de surprise, deux capitaines et deux lieutenants plus une quarantaine d’hommes seront fait prisonniers, un matériel considérable dont un autre char et deux canons de 88 seront récupérés. Côté 2e DB, seuls trois spahis seront blessés.
L’attaque brutale aura duré moins d’une heure. Les Allemands se seront rendus presque sans combattre.

Bien plus tard, le 23 novembre, rentré le premier dans Strasbourg, René BALEYTE sera blessé au pont de Kehl.
Puis, il sera affecté comme chef de char sur le char du Chef de Peloton le « LlSIEUX » qui sera à son tour détruit à Huttenheim.
Il recevra alors un nouveau char qu’il baptisera ‘VIEUX-PONT’ qu ‘il gardera jusqu ‘à la Libération.

À Lognes, juste avant de s’attaquer aux poches de l’atlantique, avec 4 citations, le Général LECLERC en personne le décorera de la médaille militaire à 17 ans.

(Extrait du discours d’inauguration de la Borne par Michel Baleyte – Août 2016)

 

Aux alentours de VIEUX-PONT, 15 AOUT 1944

 

TABLEAU DE CHASSE

15 août ! La 2e compagnie du RMT est à Boucé.
A quinze heures, la 3e section est mise à la disposition d’un escadron de chars dont la mission est de rechercher et de détruire un Panther qui, selon des renseignements civils, se trouverait à Vieux-Pont.
A quinze heures quarante-cinq, la section a pris contact avec nos Sherman. Les ordres sont donnés.
Les groupes Léon et Grandin partent en avant, dominent la route et, à l’entrée Est du village, aperçoivent le Panther dont l’équipage semble plus soucieux de boire que de surveiller son secteur.
Le chef Léon va rechercher nos chars.
Deux obus et le Panther est en feu. Les Marsouins bondissent dans le village. Dans une cour de ferme, un mouchoir blanc s’agite. Le chef Léon et trois hommes s’approchent.
De derrière un tas de fumier, surgissent, les bras en l’air, un capitaine et sept soldats. « Qui commande là ? » demande le capitaine allemand.« Moi » répond Léon. « Combien êtes-vous ? » « Quatre. » « Vous n’êtes pas assez nombreux, nous ne nous rendons pas. »
Et comme un Allemand récalcitrant essaye de fuir, le caporal Soragna lui envoie une balle dans le bras. La leçon suffit. Le hauptmann et ses hommes se jettent à terre et demandent grâce.
Le Panther est détruit, la mission est terminée, nos chars rentrent à Boucé.

Par contre, les marsouins décident de faire un tour dans le village, ne serait-ce que pour arroser ce succès à coups de « calva » et de cidre, fidèles en cela aux vieilles traditions de l’armée coloniale. Un verre par ci, un baiser par là : la tournée continue et le combat aussi.
Des balles sifflent. Il y encore des Boches dans le village. Six s’engouffrent dans une grange. Lousteau-Laplace ouvre le feu avec sa 7.6. Une grange prend feu. Une explosion, puis une deuxième explosion. La grange servait de dépôt à munitions et le feu s’est, en outre, communiqué à une automitrailleuse qui était à côté. Six Allemands grillent dans la grange. Des maisons proches, d’autres Allemands s’enfuient. Ils nous attendaient par le Sud et nous arrivons par le Nord. Aux premiers coups de feu, toute la section a rallié. Et la poursuite commence à l’initiative de chaque chef de groupe, de chaque homme. Elle mènera de surprise en surprise. C’est d’abord un deuxième véhicule blindé, bien camouflé dans une grange, puis six autres, deux cents mètres plus au Sud. dans un chemin creux. Quelques Allemands essaient de fuir avec l’un deux, une rafale de 7.6 les ramène à une plus saine compréhension de la situation : ils lèvent les bras. Plus loin, d’autres Allemands, abrités derrière une meule de paille, tirent sur nous à la mitrailleuse. Avec deux rafales de 7.6, le chef Léon incendie la meule de paille et les Allemands fuient abandonnant leur arme automatique. Le groupe Nion bondit et capture deux canons de 75 en batterie, eux aussi, face au Sud. Le tableau de chasse est déjà chargé, mais il n’est pas complet. Des cris retentissent : Un Panther ! Un Panther ! Cris de joie où perce néanmoins une certaine appréhension. C’est le groupe Devaux qui, parti faire sa petite guerre tout seul, a aperçu un Panther embossé dans un taillis, la tourelle tournée évidemment vers le sud. Deux hommes de l’équipage sont à côté du char. Ils vident sans résultat leurs chargeurs de pistolet et s’enfuient. Nos hommes bondissent sur le char : l’équipage en sort, les mains en Pair, et le soldat Philipp, Viennois de naissance, a le plaisir de trouver en la personne du lieutenant chef de char un de ses compatriotes qui, avec une joie non dissimulée, lui remet son pistolet.Tandis que quelques hommes restent à la garde du char et des véhicules blindés, les autres, accompagnés de leurs prisonniers qui, avec bonne grâce, leur signalent les mines, se dirigent vers la ferme Les Déserts, à mille mètres plus au Sud, où les civils signalent la présence de quelques ennemis. De la ferme, les Allemands viennent de s’enfuir à travers champs abandonnant leurs véhicules, le seul chemin utilisable étant celui que suivait la 3’section. Dix minutes suffisent pour détruire les douze véhicules qui s’y trouvent. Puis l’on revient vers le Panther. Que faire de lui ? Le détruire ? C’est dommage. Le ramener ? Mais personne ne sait le mettre en marche. Il reste bien l’équipage du char, mais ne risque-t-il pas de nous jouer un mauvais tour ?… Qu’importé ! Nos hommes désarment le canon et les mitrailleuses. Puis après quelques promesses et beaucoup de menaces, un Allemand monte dans le char. Derrière lui, grimpé sur la tourelle, le pistolet au poing, le chef Léon et le soldat Philipp lui donnent les ordres, prêts à lui trouer la nuque au cas où il manifesterait quelques velléités inamicales. Et le char repart, vire sur ses chenilles et prend la direction de Vieux-Pont. Mais à cent mètres plus loin, le chemin est barré par une A.M. que nos marsouins impatients ont déjà incendiée. Il faut sortir de ce chemin encaissé et passer à travers champs. Le char vire de nouveau, essaye en vain de franchir le talus. Le moteur cale. Coincé entre les deux talus qui bordent le chemin, le Panther ne peut ni avancer, ni reculer. Il sera incendié. Deux jerricans d’essence sont versés dans le char. Le chef Léon met le feu. Une flamme énorme jaillit. La tourelle est projetée au loin. Le chef Léon s’est éloigné mais pas assez vite : les flammes l’atteignent, ses vêtements prennent feu. Le conducteur allemand du Panther le saisit par les épaules, Fentraîne au loin, puis se roule sur lui pour éteindre les flammes. 11 est vingt-deux heures trente. Non sans avoir arrosé ce nouveau succès avec les habitants de Vieux-Pont, les marsouins chantent le chant de la Coloniale, rejoignent Boucé où le Deuxième Bureau, qui prend livraison des prisonniers, est assailli des plus chaleureuses recommandations en leur faveur. Il y a bien de la joie dans l’air, mais c’est bien naturel après un tel succès dont le bilan est le suivant : la troisième section travaillant avec nos Sherman a aidé à la destruction d’un char Panther. Pttis, à elle seule, elle a tué six Allemands, fait dix-neuf prisonniers dont quatre officiers, capturé intact et détruit un deuxième Panther, huit véhicules blindés, deux canons de 75, une mitrailleuse, douze camions, sans compter une Plymouth et un side tout neuf qu’en mainteneurs fidèles des traditions de la force L nos marsouins ont récupérés, et cela au prix de pertes légères : quatre blessés seulement.

Paru dans Caravane n° 14 – février 1945

 

Le 15 au matin les hommes de la 3éme armée Américaine arrivaient à Pubois venant de ST MARTIN ,pour contourner et attaquer le bourg de RANES par l’Est .Ils envoyaient alors quelques tirs , sur la Croix des landes où quelques snipers Allemands résistaient encore .

Gabriel RAMIER et Roger LEVANNIER âgés de 20 ans allaient à leur rencontre, et interrogés, ils indiquaient la présence de chars Allemands dans le bourg , en particulier un char Panzer et son équipage restait embusqué sous un camouflage de branchages au ras de la maison de Dominique BERRIER juste en face de nous.
L’information était transmise aux hommes du groupement tactique DIO dont un escadron du 12ème régiment de cuirassiers commandé par le commandant ROUVILLOIS stationnait à LA GOULAFRIERE.

Cette information se recoupait avec celle de Jérôme Otero , réfugié Espagnol qui avait fourni le même renseignement aux hommes du 12éme CUIR.

C’est donc le Mardi 15 Août vers 15 heures que le lieutenant BRIOT engageait un coup de main sur VIEUX PONT.

Le char de tête était le Sherman n°24 EVREUX commandé par le MDL GELIS avec le tout jeune et intrépide Brigadier René BALEYTE agé de 17 ans au poste de tireur.

(Source : Alain Alexandre)

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VIEUX-PONT (Orne)

Informations générales

Intercommunalité : CDC ARGENTAN INTERCOM

 

 

La borne se trouve dans le bourg, au carrefour de la D 48 et de la D 784, à côté de la stèle Baleyte.