VACQUEVILLE
PEXONNE
Extrait de ” L’INTERMÈDE DE BACCARAT”
La 2e DB – Général Leclerc – En France – combats et combattants – 1945
Demain, il reste à arrondir quelques gestes :
Vacqueville n’est pas encore pris. Le terrain a été à limite de praticabilité toute la journée — et après le passage allègre des chars on y a vu souvent de tristes troupeaux de half-tracks embourbés. Dans l’après-midi il a fait soudain défaut à La Horie : le menuet risque de devenir black-bottom. Il faut faire demi-tour, revenir par Merviller sur les Carrières, que le colonel von Luck, qui avait perdu d’entrée la moitié de ses effectifs, a quittées précipitamment. Le 1er novembre l’attaque reprend et va durer jusqu’au soir.
En partant, von Luck avait confié Vacqueville a son officier favori : lieutenant Sommer, commandant la compagnie d’Etat-Major. Le journal de la Wehrmacht venait de le mettre à l’honneur, car il avait reçu la haute distinction de Ritterkreuztraeger du régime. Le titre de l’article était : « Ein Offizier der Teufelsdivision und seine mànner ». Le même titre venait à l’esprit irrésistiblement au spectacle de ce même officier et de ces mêmes hommes rangés contre les murs fumants et fouillés par les Espagnols de Dronne. L’officier avait timidement montré au fond de sa poche sa Ritterkreuz, beau crachat tout plein de brillants, et, comme un gosse, il questionnait anxieusement : pourrait-il la garder ?
Quant à la. Teufelsdivision, elle perdait encore tout le terrain entre la Verdurette et la Blette, que Minjonnet et Massu conquéraient incontinent, le pont sur la Blette à Montigny, que coiffait Cantarel, et à l’autre bout toute la Meurthe jusqu’à Bertrichamps.
A Montigny, Cantarel touchait la Vor-Vogesenstellung. Cette fois, ça devenait sérieux. Tranchées hâtivement garnies avec de tristes produits de la « mobilisation totale », tous les chars disponibles (une vingtaine) rués sur le secteur, mais à distance respectueuse, troupes prélevées dans la nuit aux autres secteurs et grosse débauche de munitions d’artillerie.
Et aussi, signe infaillible du désarroi chez l’ennemi, la réaction désordonnée de son aviation. Trente Messerschmidt le 1er novembre : pour des gens qui en sont si économes ! Deux sont abattus d’entrée par la 4e batterie antiaérienne. Cinq autres s’ajouteront les jours suivants au tableau, l’un qui offrira à un canon de la 1ère batterie l’occasion d’un spectaculaire combat singulier. Fonçant sur la pièce qui l’attaque, il percute et explose devant elle, criblant d’éclats les servants ; le moteur rebondit et roule sur 300 mètres tandis que le pilote vient s’écraser aux pieds mêmes de ceux qui l’ont abattu.
Après quoi tout rentrera dans l’ordre : l’ennemi a conclu – – pour un temps — que nous ne savons pas exploiter !
L’image du doigté et de l’ascendant pris sur lui dès le 31, on pouvait la trouver dans le cadre du vin d’honneur que les F.F.I. et la municipalité de Baccarat offraient au Général le 3 novembre. Le curé de Domèvre présentait ses concitoyens et ses camarades dans la salle d’exposition de la Cristallerie. Peut-on imaginer décor plus fragile ? Qu’en serait-il resté après l’ombre d’une résistance ou si seulement le pont avait sauté ?
Et sur une planchette surélevée au milieu des coupes de Champagne s’alignaient en frêle trophée quelques carafes et quelques verres, vestiges du service taillé et ciselé pour Goering.
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(La 2e DB- Général Leclerc – En France – combats et combattants – 1945)
RBFM
Le 2e peloton et le peloton porté.
– L’attaque vers Vacqueville est fixée à 15h00 ; le peloton porté est mis aux ordres du Sous-Groupement H. dans la matinée, le 2e peloton à 14h00.
Les missions sont les suivantes :
Le peloton porté aux ordres de l’Enseigne de Vaisseau Bebin, est chargé d’occuper le village de Xermamont (qui touche Vacqueville) en passant par le Sud de la route et les bois.
Les TD du 2e peloton accompagneront les chars qui attaqueront Vacqueville de front.
A 15h00, au moment où se déclenche la préparation d’artillerie du XI/64, une trentaine de bombardiers en piqué survolent la scène.
Ce n’est pas l’air support attendu, mais bel et bien des Messerschmitt qui mitraillent et grenadent, sans mal pour personne heureusement.
Et l’attaque commence, sous un bombardement féroce d’artillerie et de mortiers.
Le peloton porté est durement éprouvé.
Une équipe de mitrailleuse est touchée.
Lucchési est tué, Porcher, Leray, et Reyz sont blessés.
Tout le monde est terré.
Mais enlevés par l’Enseigne de Vaisseau Bebin, la progression est reprise.
Kleinlein arrive seul aux premières maisons du village, nettoie cours et caves au fusil et à la grenade. Reibel avec sa mitraillette, remplace la mitrailleuse démolie et met en fuite une section d’allemands.
Cadiou, Landreigne, et leur mitrailleuse pénètrent aussi dans le village.
Pris sous l’éboulement d’un mur, ils continuent le nettoyage.
Le bilan définitif est le suivant : Une quinzaine d’ennemis tués et 19 prisonniers.
CARAVANE n°5 – Extrait