Les LOGES-en-JOSAS (Yvelines)


LES LOGES EN JOSAS
et Environs

Km=535 

 

Jeudi 24 août 1944

 

 

 

Le 24 août 1944, vers 7 heures sous une forte pluie qui dura toute la journée, le Groupement tactique Langlade se met en route.
Il comprend dans l’ordre : Sous-groupement Massu, PC Langlade, Sous-groupement Minjonnet.
L’itinéraire prévu traverse Cernay la Ville, Choisel, Chevreuse, Saint Rémy, Cressely, Châteaufort, Toussus-le-Noble, Jouy en Josas, Villacoublay, Clamart, Meudon, Pont de Sèvres.

Dès leur arrivée sur le plateau de Toussus-le-Noble, les chars de Massu sont pris à partie par les canons de 88 mm du Fallschirm Flak Regiment 11.
Le major Scheloske, commandant le 2e bataillon, a positionné ses batteries antiaériennes reconverties en antichars près de la ferme du Trou Salé.

Les chars “Dauphiné” et “Barfleur” sont touchés presque simultanément, trois membres d’équipage sont tués.
Sur la droite, progressant vers les Loges à travers un terrain vallonné et détrempé, le Sherman “Ardennes” est touché par deux obus de 88.
L’équipage parvient à quitter le blindé. Un canon allemand est néanmonis détruit près de la ferme au bord de la route de Buc.

L’assaut de la 2e DB est brisé, plusieurs chars ont été détruits et la progression s’avère délicate voire impossible d’autant plus que des renforts allemands sont aperçus dans le secteur de Vélizy. Le sous-groupement Minjonnet du Groupement tactique Langlade est envoyé en renfort.
Débordant le plateau de Toussus, les blindés du 4e escadron foncent à travers champs vers Saclay.

L’infanterie allemande se retire vers l’étang de Saclay. Les combats se prolongent aux Loges-en-Josas et permettent de dégager la voie vers Jouy.
Après avoir encaisser la première attaque, le major Scheloske replie son dispositif sur une deuxième ligne en retrait sur les hauteurs de Jouy.
La 2e DB remonte alors à l’attaque.
Les hommes de Massu investissent alors Jouy puis reprennent leur progression en direction de Clamart.

Fabrice Bourrée, Bruno Renoult
http://www.museedelaresistanceenligne.org/media4530-Les-combats-de-Toussus-le-Noble#fiche-tab

 

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Le char Sherman Zagrodzky II du 12e RCA de l’aspirant Zagrodzky II détruit au carrefour de l’Homme Mort

 

Témoignage

Les chars de la 2ème DB, couverts de bâches rouges fluorescentes, arrivant du côté de la mairie et se dirigeant vers la gare ; c’est ce rouge flamboyant qui reste gravé dans la mémoire. Sentiment de peur et de frayeur des civils : «et nous», avec la peur de l’abandon.
La permanente incertitude de ce qui se passe, la peur de ce qui va arriver.
Une rumeur court de bouche à oreille que «dans la Côte de l’Homme Mort il y a eu bagarre». Effectivement, on tire de ce côté, c’est là-bas que le capitaine Zagrodski va trouver la mort. Et brusquement deux obus qui éclatent, des chars qui se renversent, les gens couchés parterre, les vitres volent en éclats, tout paraît brûler, c’est l’enfer, c’est l’angoisse.

D’autres chars arrivent de Châteaufort et prennent la route qui va du Petit-Jouy à Versailles, c’est là qu’est décédé le fils Lesieur (huile bien connue). D’ailleurs, l’un des «tigres» (chars) est resté couché sur la route du Petit-Jouy où les habitants et les enfants vont aller l’admirer ultérieurement. En fin de journée arrivent les chars américains et des camions conduits…. Par des français. Quelle surprise !

Le docteur Kurzenne décide que, pour la première fois , la famille va passer la nuit dans la cave. Grande frayeur devant des tirs d’artillerie continus, sans arrêt, le sentiment de ne «pas savoir» ce qui se passe dehors, les allemands dans les bois, peur, incertitude.
Et puis, le lendemain matin, grand silence, les allemands partis jusqu’à entendre les vrombissement des chars résonnant amplifié après ce silence. Le docteur est occupé à soigner les blessés, avec, à ses côtés, la fidèle Angèle Moye, son infirmière ; Mme Vantieghem est blessée, par éclats d’obus, dans la soirée, le Dr Kurzenne l’emmène personnellement, avec son vélo, le brancard attaché, à l’hôpital de Versailles (il s’était fait adapter tout spécialement un brancard pouvant être attaché à son vélo afin de pouvoir transporter ses malades).

Extrait des souvenirs de Pierre Kurzenne (né en 1930)

Mémoire

Mémoires de Gérard Clerc (né en 1924)

 

(Il habitait dans le parc du Grand Château de Jouy (actuel domaine HEC))

24 août 1944

8h00 : Ils sont encore 7 à 8 «boches» dans le château. Des ordres sont criés, affairement des soldats. Ils s’en vont avec leur fusil ? Serait-ce déjà la Libération ???

8h20 : Tout à coup, des explosions retentissent du côté de la gare du chemin de fer : 8, 10, 15 20 ??? toutes très violentes. La peur nous tenaille tous ! D’immenses flammes jaillissent maintenant du côté du Grand Château : explosions sur explosions… C’est l’enfer !

9h-9h45 et jusqu’à 11h : L’enfer continue. Maintenant ce sont les châteaux. Celui du Petit Bois saute et brûle. Puis celui du Montcel. Les détonations se succèdent, il y a des retombées d’éclat partout. L’enfer continue.

11h30 : Accalmie ! Les dynamitages semblent prendre fin.

11h40 : Un camion militaire allemand est entré par la Grille d’Honneur, dans la propriété.

13h20 : Nous sommes tous dans la cave de l’Orangerie, dans l’attente de l’explosion du Grand Château.

13h25, 30, 35, 40 : Rien… rien, ne saute… Finalement, nous revenons chez nous. Et tout à coup, c’est frappant, un calme écrasant se fait. Il ne semble plus y avoir de bataille. Dans la rue, des voix allemandes vocifèrent, crient des ordres.

13h55 : Avec Philippe ; perchés sur le mur surplombant la rue, nous regardons, écoutons, scrutons. Tout à coup ; nous apercevons des soldats. J’aperçois la Croix de Lorraine sur le casque de l’un d’eux. Je crie à tue-tête : «Les Voilà, les voilà !». Je suis fou, fou… Ils sont là, et ce sont des français, ils parlent français !
Les chars débouchent de deux endroits simultanément, venant de Saclay, où la bataille faisait rage tout à l’heure, et des Loges-en-Josas. Nous n’avons pas attendu pour descendre de notre perchoir. On est fous… fous de joie ! Nous courons les voir : ce sont des Français de l’Armée Leclerc ; comment est-ce possible ? Déjà la place du village est pleine de monde, tout s’y mêle, chars, automitrailleuses, Dodges… On grimpe sur les chars, on parle aux soldats. Un soldat monte sur le faîte de l’Eglise et hisse un drapeau français.

14h20 ou 14h30 : Bien sûr la bataille a été dure, tant dans la côte de Versailles que dans les bois de l’Homme Mort. Elle coûta la vie à 21 soldats des 2 camps et 5 chars de l’Armée Leclerc durent détruis.

25 août 1944

12h à 17h : L’ après-midi est consacré à récupérer les vivres encore consommables, après de dynamitage du Petit Salon. Ils sont portés à la mairie, pour être distribués aux habitants de la commune qui manquent de tout.
Au dîner : Nous sommes tous muets, fourbus, «écrasés de fatigue» à cause d’évènements si forts. Et voilà que je me rends compte que c’est le premier jour où je n’ai pas eu à présenter mon «Ausweis» (laissez passer) à une sentinelle allemande pour pouvoir circuler. Bien sûr, ces journées allaient marquer nos esprits pour toujours. Mais sur le moment, une seule chose importait :

JOUY ETAIT LIBRE ! JOUY ETAIT EPARGNE, marqué, bléssé mais LIBRE !
Finis l’occupation, les Boches, les brimades, les représailles… c’était fini !

Contexte historique


Contexte historique service historique de la défense

De son propre chef, le général Leclerc décide le 21 août d’envoyer vers Paris un fort détachement de reconnaissance, dirigé par le commandement de Guillebon. Il en sera réprimande par son supérieur le général américain Gerow. Le détachement de Guillebon se compose de 10 chars légers, de 10 automitrailleuses et de 10 véhicules blindés et est constitué d’environ 150 hommes. Il démarre le 21 août à midi. Il a pour mission d’éviter tout contact avec les troupes américaines ce qui implique qu’il devra par lui-méme se rendre compte de la situation des troupes allemandes. En fin d’après-midi, il a atteint Nogent-le-Rotrou. De là, il divise son détachement en trois éléments qui vont respectivement avancer :
> vers Dreux et Houdan.
> vers Rambouillet.
> et vers Chartres, Ablis et Dourdan.

Les renseignements recueillis, soit auprès des organisations de la Résistance, soit auprès des éléments dont il est question ci»dessus, amènent de Guillebon à la conclusion qu’une attaque frontale par les routes directes de Rambouillet en passant par Limours, Orsay, Palaiseau, Massy, Antony puis Paris se heurtera à une forte opposition, mais qu’en se dirigeant plus à l’est de façon à entrer à Paris par le sud, l’avance sera beaucoup plus facile.
De Guillebon va lui-même jusqu’à Arpajon où il arrive à la fin de la journée du 22 et d’où il envoie de nouvelles reconnaissances en direction de Longjumeau. Il aurait pu sans doute aller plus loin, mais il lui faut tenir le général Leclerc au courant de ce qu’il a découvert.

Dans la nuit du 22 au 23, de Guillebon reçoit un message radio de Leclerc lui demandant “d’éclairer” l’axe RambouiIlet-Versailles.
De Guillebon tente de lui répondre qu’il est préférable d’aborder Paris par le sud, mais le message ne passe pas. Il se voit contraint le matin du 23 août de revenir à Rambouillet par Limours, pour rendre compte à Leclerc.
Avant de rencontrer Leclerc, de Guillebon lance deux autres reconnaissances. Ces reconnaissances sont menées par le régiment de Marche du Tchad sous l’autorité du chef d’escadron Morel-Deville. La première à partir de Rambouillet, emprunte la R.N. 10 en direction de Versailles. Elle est placée sous les ordres du lieutenant Bergamain. Le lieutenant Bergamain avance sur la nationale 10. A l’entrée du Perray, il se heurte à quinze chars allemands. Il est légèrement blessé et rendra compte a Leclerc le 23 août à midi, le visage ensanglanté.

Le même jour, à La Verrière, un élément de reconnaissance du 1er Régiment de Marche des Spahis Marocains chargé d’estimer le potentiel des forces allemandes est touché par un char Tigre, dissimulé sous des arbres, dans un verger adossé à une grange, au lieudit “l’Agiot”. Du carrefour de la Malmedonne s’élève une épaisse fumée noire ; le char “Sanglier” de la 2ème DB est détruit.
Sur les hommes d’équipage du char trois perdent la vie. il s’agit de : Blondeau, Louis Rink et Moïse Jardin.
Un monument situé en bordure de la R.N 10 rappelle cet événement tragique.
La seconde aux ordres du lieutenant Serizier doit reconnaître Dampierre, Voisins-le-Bretonneux, Guyancourt, Satory puis Versailles. La Commune de Voisins-le-Bretonneux occupe une position stratégique entre la gare de triage de Trappes et l’aérodrome de Guyancourt.
Les soldats de la 2e DB vont se heurter à une forte résistance allemande.

Après avoir libéré Dampierre le 23 août à 9h15, le peloton Serizier atteint Voisins-le-Bretonneux qu’il réussit à occuper.

Le gros du détachement Morel-Deville (2e escadron du 1er régiment de marche de Spahis marocains) s’installe aux Granges, près de l’abbaye de Port-Royal le 23 août, puis rejoint Voisins-le-Bretonneux le 24 en vue des combats qui vont se dérouler au nord de la localité.

 

 

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