ARPAJON (Essonne)

 

 

ARPAJON

Km=587
 

Jeudi 24 août 1944

Le 22 août 1944, une colonne de la 7e division blindée américaine (général Silvester Lindsay MacDonald), en provenance d’Ollainville, libère la commune, entraînant la liesse générale place de la Mairie et place du Marché puis elle tente sans succès une incursion vers Montlhéry.

En fin de soirée, un détachement de la 2e division blindée française (général Leclerc) — en provenance de Limours — conduit par le commandant de Guillebon vient reconnaître la situation sur la route nationale 20 et passe la nuit au lieu-dit la Montagne.

Le 23 août 1944, la 7e division poursuit sa route vers l’est (Corbeil) afin de contourner Paris.

Le détachement de la 2e division blindée se replie, laissant la population arpajonnaise inquiète malgré la présence des FFI locaux.

Le 24 août 1944, le groupement tactique V de la 2e division blindée commandé par le colonel Warabiot quitte Rambouillet au lever du jour et atteint Arpajon dans la matinée : le général Leclerc rencontre Jacques Chaban-Delmas (sorti clandestinement de Paris) sur la route nationale 20, en amont d’Arpajon. La commune est définitivement libérée.

(Wikipédia)

Le 24 dans la soirée, le capitaine Jean CALLET, aux commandes d’un avion d’observation Piper Cub est envoyé au dessus de la capitale pour y délivrer le message suivant :

 » TENEZ BON, NOUS ARRIVONS ! »  signé : Leclerc

 

24 août 1944 : Revoir Paris
par Jean CALLET

Et voici que nous recevons la mission attendue mais inespérée.
A l’approche de nos blindés, la capitale s’est soulevée.
Retranchés dans leurs « îlots », les résistants tiennent tête aux Allemands et fixent des forces adverses importantes.
C’est la préfecture de police qui dirige les opérations et qui subit le choc principal des forces allemandes.

Les agents tiennent héroïquement, mais ignorent l’avance fulgurante de Leclerc et l’arrivée de nos blindés.

Des émissaires ont franchi les lignes, atteint le P.C. de Leclerc où ils dépeignent la situation dramatique de ceux qui combattent dans Paris et qu’il faut, à tout prix, rassurer … Pas de moyens radio ! … L’aviation de chasse ? trop longue à déclencher .

A la disposition du général Leclerc, il ne reste que ce petit Piper Cub auquel sera confié le soin d’aller lancer, sur la préfecture de Police, un message annonçant l’arrivée des troupes françaises : « Tenez bon, nous arrivons »
Telle est la mission demandée. Certes, les possibilités de notre appareil sont faibles : pas de blindage…
La vitesse ? sans rapport avec celle de la « chasse » adverse… Foin de tout cela ! Il ne s’agit plus de discuter des « caractéristiques » réglementaires, mais de réussir. Je demande un volontaire pour m’accompagner et remplir les fonctions d’observateur. Etienne Mantou se présente ; l’équipage est prêt.

Cependant, sous l’averse qui continue, le terrain devient impraticable. Il faut attendre l’éclaircie.
A 15 heures nous parvenons à rejoindre Arpajon. Rapidement, nous en repartons. Je m’installe au poste de pilotage.
Etienne Mantou s’assied derrière moi. Avant le décollage, je regarde avec avidité cette terre, ce sol sur lequel nous sommes vivants et forts.
Soudain, à l’horizon, une ligne de toits qui miroitent : la banlieue. Paris ? Oui, Paris, avec ses dômes, avec ses flèches. Au Nord : le Sacré-Cœur ! Paris, que nous avons quitté depuis si longtemps ! Paris, ville de nos illusions… de nos rêves…, et de notre jeunesse.

Paris était là, comme endormi.
Et de toute la division, nous étions les premiers à avoir le privilège de contempler le « visage de la Bien Aimée », les premiers à lui offrir notre hommage amoureux. A nos pieds, le dôme des Invalides, la Cité, Notre-Dame. Nous regardons de tous nos yeux, oubliant tout danger, fascinés par ce spectacle espéré mais qui nous paraît insolite,peut-être quelques secondes avant la fin… «Nuncdimit-tis ». Je reconnais le Panthéon, la préfecture de police. Etienne Mantou me confirme l’objectif que nous survolons à la verticale. Maintenant il faut descendre.

Attention ! Je pique… L’avion bascule, vire, plonge en tombant comme une feuille morte.
Pour tromper l’adversaire ! Je veux apparaître comme un « objet désemparé » allant s’écraser dans la Seine ! Tout se passe bien. Pas de réactions. Dans les rues, personne. Un silence étonnant. Je fixe l’objectif intensément : la cour de la préfecture. Le parvis de Notre-Dame sur lequel un homme agite un fanion. Et la Seine, calme et tranquille. Sur le bas-port, ô miracle ! dans la solitude du moment, un couple d’amoureux ! La descente continue. L’altimètre décroît. Rien. Pas un coup de feu ! Maintenant, nous sommes à quelques mètres au-dessus des flèches de Notre-Dame et je redresse, brutalement, en amorçant un virage circulaire autour de la préfecture de police, en rasant les toits. « Message lancé » hurle Etienne dans son micro et je vois la banderole couleur d’or se dérouler.


Il faut maintenant remonter. Mais de la rive gauche, des mitrailleuses entrent en action. Pour échapper au tir je pique et file au ras des toits, vers le Sud. Au Kremlin-Bicêtre les tirs reprennent, puis à Villejuif, Arcueil, Cachan. L’appareil est touché mais le moteur tourne toujours. Nous volons à quelques mètres d’altitude. Les tirs cessent. Montlhéry, nos chars, une prairie. Nous atterrissons.

Le général Callet, alors capitaine appartenait à l’escadrille d’observation de la 2′ DB
Paru dans la Revue historique de l’armée, octobre 1984.

 

 

 

Ci dessus Piper Cub aux couleurs d’un L4 Grasshopper de la 2ème DB qui équipaient les divisions françaises pour du repérage d’artillerie
(Source : www.airservice.org)

 

 

 

Le Piper-Cub

 

Un élément nouveau dans l’artillerie est venu apporter une aide considérable : c’est l’avion d’observation, le Piper-Cub.

Très lents et très maniables, toujours à la disposition du commandant de groupe quand la visibilité le permet, montés par des observateurs qui appartiennent au Groupe et sont comme ceux de terre mêlés constamment à la bataille, les deux Piper-Cubs d’un groupe d’artillerie sont un instrument précieux pour le réglage des tirs.
Ils permettent aussi d’exercer une surveillance du champ de bataille et de déceler les mouvements de l’ennemi, comme d’étudier des itinéraires possibles en cas de progression.
La permanence d’observation qu’ils ont assurée en certaines périodes particulièrement importantes a été d’une grande utilité non seulement pour l’artillerie, mais encore pour toutes les armes.

Faut-il rappeler l’odyssée du Piper-Cub du capitaine Callet et du lieutenant Mantoux apportant le 24 août 1944 un message d’encouragement aux défenseurs de la Préfecture de Police à Paris et traversant une longue zone défendue par une forte D.C.A. allemande ?

Les missions de tir ont été très nombreuses, nous n’en rappellerons qu’une, c’était dans les derniers jours de novembre 1944.

Un sous-groupement chargé de prendre Friesenheim a quitté Boofzheim au jour.
Terrain plat. Aucun observatoire pour l’artillerie d’appui. L’observation est assurée par les deux Piper-Cubs du 3e R.A.C., qui viennent se relever toutes les heures.
En tête du sous-groupement,- sur la route Boofzheim-Friesenheim, un peloton de Sherman et quelques tanks-destroyers.
Un officier d’artillerie accompagne ce peloton dans son char et reste à l’écoute permanente de l’avion.
Par un heureux hasard, la longueur d’onde sur laquelle travaillent les Piper-Cubs est très voisine de celle du peloton de tête, de sorte que l’officier d’artillerie à terre peut se dispenser de retransmettre à l’officier de chars les renseignements et observations qui lui viennent de l’avion.

Vers 9 heures, temps froid et sec, bonne visibilité.
Le Piper 72 H, qui vient de relever le 72 G, repère deux chars ennemis, distants l’un de l’autre de 200 mètres, sur la route Boofzheim-Friesenheim, où nos chars avancent.

«Allô! ici Zéro Marcel. A 600 mètres devant nous, deux chars ennemis. »

Le chef de peloton demande des précisions : « Quel type de chars ? Où sont-ils exactement ? Que font-ils ? »
Nos éléments de tête s’arrêtent sur la route.
Les chars ennemis sont arrêtés également. Ils sont cachés les uns aux autres par un coude de la route, qui, à cet endroit, est bordée d’arbres.

« Ici, Zéro Marcel. Les deux chars ennemis sont sans doute des Panther. Ils sont immobiles, le premier à 600 mètres devant nous. Mais je peux faire une erreur de 50 mètres sur la distance. »

Renseignements imprécis. L’officier de chars fouille à la jumelle le rideau d’arbres et ne voit rien.
D’ailleurs le Panther de tête se déplace de quelques mètres, l’avion voit nettement le nuage gris bleu de l’échappement. Il se rapproche du rideau d’arbres, y cherchant sans doute un créneau d’où il pourra voir sans être vu.

« Ici, Zéro Marcel. Le char ennemi se place dans la haie d’arbres pour essayer de vous «tirer ».
« Allô ! Zéro Marcel. Je ne le vois pas. »

Les chars sont en présence depuis un quart d’heure, cherchant à se voir sans résultat. L’avion signale chacun des déplacements de l’ennemi. Celui-ci se sait repéré par l’avion qui tourne sans arrêt à 500 mètres devant lui. Il lui envoie une rafale de mitrailleuse et le manque.
L’observateur-avion veut préciser ses renseignements ; il passe en rase-mottes sur notre char de tête et lui envoie un message lesté, où il a fait un croquis de la route portant la position des amis et de l’ennemi. Une minute d’attente.
Puis, dans les écouteurs :

« Allô ! Zéro Marcel. Je ne vois pas le Panther. »
L’artilleur qui est à terre suggère :
« Allô ! Zéro Marcel. Vous pouvez peut-être régler un tir avec ma batterie puisque vous êtes le seul qui voyez. »

II faudrait beaucoup de chance pour mettre un char hors de combat avec des obus explosifs. Les obus fumigènes au phosphore sont plus intéressants à cause de leur propriété incendiaire.
« Ici, Zéro Marcel. D’accord. Je règle fumigène. »

Et l’avion alerte la batterie en position à 4 kilomètres derrière. Le lieutenant de tir a suivi toute l’affaire dans ses écouteurs.
Au ton de sa voix, on sent qu’il est heureux d’intervenir. Sa pièce tire vite. Le troisième coup tombe près de la chenille gauche du char.

« Ici, Zéro Marcel. Le char ennemi est exactement à l’emplacement du coup qui vient d’arriver. »

L’avion ne reçoit pas de réponse. Les hommes à terre ont certainement vu la fumée blanche de l’obus.
Qu’ils tirent dedans. Pilote et observateur regardent la terre avec toute leur attention.
Ils voient tout à coup le tube du tank-destroyer de tête reculer brutalement, et une petite boule rouge va frapper le Panther en plein. Une grande flamme. La fumée noire d’essence se mêle à la fumée blanche du phosphore.

« Ici, Zéro Marcel. Char ennemi détruit. »

Le réseau radio, si calme une seconde auparavant, s’anime brusquement : congratulations, plaisanteries… tout le monde parle en même temps; heureusement, nous ne sommes pas à l’instruction.
Le Piper-Cub amorce une chandelle pour montrer sa satisfaction.

Le Panther détruit, la terre le signalera plus tard, était en fait un canon monté sur châssis de char Mark IV.
Quand au second, il a profité de l’«incident» pour disparaître, sans doute derrière la première maison de Friesenheim.

« Allô ! Zéro Marcel. Ici, Zéro Louis. Comment me recevez-vous ? Répondez. »
Le Piper 72 G prend contact avant de venir relever le 72 H. Dans quelques minutes il sera là.
« Allô ! Zéro Louis. Ici, Zéro Marcel. Je vous reçois bien. Je vous passe en consigne char ennemi, sans doute derrière première maison de Friesenheim. Bonne chance. Terminé. »

 

Réunis auprès des officiers des 3e R.A.C., 64e R.A.D.B. et 40e R.A.N.A. par les chefs d’escadron DEMARLE et CHANSON.

 

AIR SUPPORT

 

 

 

 

 

 

Mission n° 134 le 24 Août 1944

Squadron : 428th FS

Départ : ALG A-11 Saint-Lambert

Objectif : appui aérien à une colonne de chars dans le secteur d’Arpajon.

P-38 engagés : 12

Départ : 19h58 Sur objectif de 20h50 à 21h30
Retour : 22h07

Bombes : 2×500 lbs par P-38

Résumé
Bombardement d’un barrage. 1 coup au but, 4 ou 5 à proximité. Flak intense à moyenne de chaque coté de la rivière. Barrage utilisé pour le passage de véhicules de la berge ouest vers la berge est.
Visibilité mauvaises, plafond bas.

Source :  JT.Steinko, Intelligence Officer, 428th FS


Notes :

un pilote du 428th FS, le Capt Doyle se trouvait dans un Sherman en qualité de ground controller, il a été décoré de la Croix de Guerre par la 2ème DB pour services rendus.

-2 des pilotes de cette mission ont été tués en combat aérien dans l’Oise le lendemain 25 Août.

-le 429th FS à également participé à cette mission, un des pilotes aussi tué en combat dans l’Oise le 25.

Lien Web : Captain Pappy DOYLE: Un aviateur aux commandes d’un Sherman

(Remerciements à Alain BODEL – The 474th FG Association, France)

 

 

 

 

 
 

 

 

 

 

ARPAJON – Histoire

ARPAJON– Infos

 

EMPLACEMENT de la BORNE

La borne se trouve au nord de la ville, au niveau du 17 av. de la Division-Leclerc (D 449).

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